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vendredi 10 octobre 2025
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La taxe Zucman : une révolution fiscale mondiale ou simple illusion ?

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Depuis des années, les citoyens et les petites entreprises observent avec frustration un paradoxe fiscal : alors qu’ils paient régulièrement leurs impôts, de nombreux géants du numérique comme Google, Apple, Facebook (Meta) ou Amazon réussissent à verser des montants dérisoires aux États. Grâce à des montages financiers complexes et à l’usage des paradis fiscaux, ces multinationales déplacent artificiellement leurs bénéfices pour réduire leur taux d’imposition à presque zéro.

Face à cette injustice, une idée a émergé et a fini par convaincre les grandes puissances mondiales : instaurer un impôt minimum mondial sur les bénéfices des multinationales. Cette mesure, inspirée des travaux de l’économiste français Gabriel Zucman, est aujourd’hui connue sous le nom de taxe Zucman.

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Mais cette taxe représente-t-elle réellement une révolution fiscale mondiale, ou n’est-elle qu’une illusion politique destinée à calmer les esprits ?

I. Contexte de la taxe Zucman

1. L’origine de l’idée : Gabriel Zucman, un économiste engagé

Gabriel Zucman, professeur d’économie à l’Université de Berkeley, s’est fait connaître par ses recherches sur la fiscalité internationale et l’évasion fiscale. Dans ses travaux, il démontre que près de 40 % des bénéfices des multinationales sont transférés chaque année dans des paradis fiscaux, privant ainsi les États de centaines de milliards de dollars de recettes.

Face à cette injustice, il a proposé une solution ambitieuse : instaurer une taxation minimale mondiale pour s’assurer que les entreprises paient leur juste part partout où elles opèrent.

2. Les abus d’optimisation fiscale des multinationales

Les multinationales utilisent diverses stratégies pour réduire leurs impôts :

  • Installer des filiales en Irlande, au Luxembourg ou aux Pays-Bas, où les taux sont très bas.
  • Déplacer leurs bénéfices via des facturations internes (“prix de transfert”).
  • Exploiter les failles juridiques entre les différents systèmes fiscaux.

Résultat : certaines entreprises mondiales paient parfois moins de 5 % d’impôt effectif, alors que le taux normal est souvent de 25 à 30 % dans de nombreux pays.

3. Pourquoi les États ont décidé d’agir

La crise financière de 2008, puis la pandémie de 2020, ont montré la fragilité des finances publiques. Les gouvernements avaient besoin de nouvelles ressources, et les citoyens exigeaient plus de justice fiscale.

Sous la pression, le G20 et l’OCDE ont adopté en 2021 le principe d’un impôt minimum mondial de 15 %, une idée directement inspirée des travaux de Zucman.

II. Le fonctionnement de la taxe Zucman

1. Le principe du taux minimum mondial

Le mécanisme est simple : les bénéfices des multinationales seront imposés à un taux minimum de 15 %, quel que soit le pays où ils sont enregistrés.

2. La récupération de la différence

Si une entreprise paie moins de 15 % dans un pays, alors le pays d’origine (ou un autre pays où elle opère) peut récupérer la différence.

👉 Exemple :

  • Google déclare 1 milliard € de bénéfices en Irlande, où elle paie seulement 5 % d’impôt (50 millions €).
  • La France, où Google génère des revenus, peut lui réclamer les 10 % manquants pour atteindre le seuil minimum (soit 100 millions € supplémentaires).

3. Les multinationales ciblées

Ce dispositif vise principalement les entreprises réalisant un chiffre d’affaires supérieur à 750 millions €. Autrement dit, il concerne les GAFAM, mais aussi d’autres grands groupes (banques, pétrolières, pharmaceutiques, etc.).

III. Les promesses d’une révolution fiscale mondiale

1. Mettre fin à la concurrence fiscale

Depuis des décennies, les pays se livrent à une course au moins-disant fiscal pour attirer les entreprises. Cette taxe permet de fixer un plancher commun et de mettre fin à cette spirale.

2. Rééquilibrer la charge fiscale

Jusqu’ici, ce sont surtout les PME et les salariés qui supportaient le poids des impôts. Avec la taxe Zucman, les multinationales devront contribuer davantage, réduisant l’écart entre les petits et les grands acteurs.

3. Augmenter les recettes fiscales des États

Selon l’OCDE, cette mesure pourrait rapporter plus de 150 milliards de dollars par an aux États. Cet argent pourrait financer les services publics, la santé, l’éducation ou encore la transition écologique.

4. Une avancée historique vers une fiscalité mondiale coordonnée

C’est la première fois que plus de 130 pays s’accordent sur une réforme fiscale mondiale. Cela ouvre la voie à d’autres initiatives de coopération internationale.

IV. Les limites et critiques de la taxe Zucman

1. Un taux jugé trop bas

Beaucoup d’économistes et d’ONG estiment que 15 % est insuffisant. Dans la plupart des pays, les entreprises locales paient entre 25 % et 30 %. Résultat : les multinationales resteront encore favorisées.

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2. Les résistances politiques

Certains pays comme l’Irlande, la Hongrie ou les paradis fiscaux traditionnels freinent l’application. Même si l’accord est signé, son exécution reste inégale.

3. L’ingéniosité des multinationales

Les multinationales disposent d’équipes entières de fiscalistes et d’avocats. Elles trouveront sans doute de nouvelles failles pour réduire leurs impôts malgré cette taxe.

4. Risque d’inefficacité si l’application n’est pas universelle

Si certains grands pays refusent de jouer le jeu, les multinationales pourraient continuer à profiter des failles du système.

V. Révolution ou illusion ?

1. Une avancée symbolique majeure

Il faut reconnaître la dimension historique de l’accord. Jamais auparavant les États n’avaient réussi à s’entendre sur une fiscalité mondiale commune. C’est une première.

2. Mais une étape incomplète

En fixant un seuil à seulement 15 %, les gouvernements ont choisi le compromis politique plutôt que l’ambition. Beaucoup considèrent que la taxe Zucman reste une demi-mesure.

3. Comparaison avec d’autres propositions

Gabriel Zucman lui-même plaide pour aller plus loin :

  • Relever le taux à 25 % ou plus.
  • Étendre la taxe aux milliardaires et pas seulement aux entreprises.
  • Mettre en place un impôt progressif mondial pour lutter contre les inégalités.

La taxe Zucman représente sans conteste une étape importante dans l’histoire de la fiscalité mondiale. Elle symbolise la volonté des États de reprendre le contrôle face aux stratégies d’évasion des multinationales.

Cependant, elle reste pour l’instant plus symbolique que révolutionnaire. Avec un taux fixé à seulement 15 % et une application encore incomplète, elle risque de décevoir les attentes de justice fiscale.

En réalité, cette taxe n’est pas une fin en soi, mais plutôt un point de départ. Pour qu’elle devienne une véritable révolution, il faudra :

  • renforcer le taux,
  • assurer une application universelle,
  • élargir la réflexion à la taxation des grandes fortunes.

👉 La taxe Zucman n’est donc ni une illusion, ni une révolution totale. Elle est une première pierre posée dans la construction d’un système fiscal mondial plus équitable.

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